Toi et Moi : une réaction chimique 

Dès la première rencontre, à votre insu, votre corps et celui de votre partenaire ont échangé de multiples informations.
Cela grâce aux fameuses phéromones, ces composés volatils hérités de votre passé reptilien, et qui en disent long sur vous. Echappées de glandes si-tuées sous les aisselles, autour des organes génitaux et des mamelons, vos phéromones ont atteint l’autre en plein organe voméronasal, une glande lo-gée sous le nez et directement reliée au bulbe rachidien. C’est donc à son cerveau le plus archaïque qu’elles ont transmis votre empreinte olfactive, personnelle et unique… Et vous parlerez un jour de vos « atomes crochus » !

La Phényléthylamine : la montée d’euphorie

Puis le coup de foudre survient. Son regard ! Son sourire ! Quelque chose fait tilt, réveillant une impression de plaisir enfouie au plus profond de votre mémoire affective. Vous frissonnez, vous rougissez, votre coeur s’accélère. Elle vous trouve presque brillant, il vous découvre piquante. Normal : une décharge d’adrénaline a activé vos fonctions cérébrales, vous mettant au mieux de votre forme. Et si la faim vous quitte, si l’euphorie vous gagne, c’est l’effet de la phényléthylamine (ou PEA), une amphétamine encéphalique naturelle produite au coeur du système limbique, siège de l’affectif – on la trouve aussi dans le chocolat. Sensation de plaisir à nulle autre pareille : énergie des grands jours, sentiment d’allégresse, exultation, exaltation !

L’ocytocine : l’attachement émotionnel

Mais l’effet ne dure pas. Vite, une autre dose ! Vite, lui téléphoner, lui parler, se revoir. Hélas, à force, vos récepteurs neuronaux saturés perdent leur capacité à répondre. Si vous êtes comme don Juan, accro à la PEA, et donc à l’excitation de la conquête, vous ne sentez plus rien. La sexualité n’y suffit pas non plus, malgré les aspects bénéfiques du ballet hormonal qu’elle sait si bien déclencher. Peu à peu, son corps vous fait moins vibrer. Vous sentez poindre « l’effet Coolidge » ! Votre désir n’est pas mort, simplement, vous l’éprouvez… pour d’autres !

Mais la nature vous propose un autre cocktail, plus émotif, plus durable : dopamine, bien sûr, neurotransmetteur du bonheur et hormone tonifiante à large spectre, mais aussi vasopressine et, surtout, ocytocine, élue « miss hormone » de l’amour ! Elle mérite bien ce titre. Un câlin la déclenche, mais aussi le son de la voix aimée, une pensée amoureuse ou un simple regard. Projetée massivement dans l’organisme lors du premier rapport amoureux, l’ocytocine est également responsable des contractions pendant l’accouchement. C’est l’hormone du premier attachement, de la première empreinte, son taux augmente dans votre organisme lorsque vous vous sentez en confiance. C’est enfin la première hormone à avoir montré que sa production pouvait avoir des causes physiologiques aussi bien qu’émotionnelles. Elle vous liera affectivement l’un à l’autre comme vous l’avez été à votre mère.

Faut-il donc que ça change toujours ? Pour rester amoureux, il faut en tout cas garder une dynamique. Avec le temps, l’accoutumance neuronale entraîne une baisse de la dopamine, le plaisir d’être ensemble devient alors moins intense – comme tout plaisir. Pour le raviver, faites parler votre imagination, réveillez votre créativité ! L’ocytocine peut revenir à tout moment, pour peu que vous sachiez rallumer la flamme. Dans notre conte, qui finit bien, vous saurez passer le cap. Vous entrerez alors, avec votre complice à vos côtés, dans les eaux riantes de l’amour mûrissant, grâce à  la sérotonine, hormone du sommeil et de la régulation de l’humeur et, pour les neurobiologistes, socle du véritable attachement.